Chine, la surveillance d'Etat dans la province du Xinjiang [vidéo en anglais]

La Chine a transformé la région nord-ouest du Xinjiang en une vaste expérience de surveillance intérieure. Le Wall Street Journal est allé enquêter sur ce qu'est la vie quotidienne dans un endroit où chaque mouvement peut être surveillé à l'aide d'une technologie de pointe.
Life Inside China’s Total Surveillance State

La lecture de l'article du Wall Street Journal [en] est soumise à un abonnement, Tristan Nitot énumère quelques dispositions marquantes des procédures sécuritaires :
La Chine, faut-il le rappeler, n’est pas une démocratie. Alors que ses compétences numériques s’améliorent, il est assez fascinant de voir comment elles sont utilisées pour le contrôle social. Dans la région autonome du Xinjiang, où le peuple Ouïghours secoue ses chaînes, la surveillance est la plus avancée au monde, et les partisans des droits de l’humain estiment que les technologies de surveillance sont testées ici avant qu’elles n’envahissent tout le pays. Chaque couteau vendu dispo d’un QR Code gravé au laser avec l’identifiant du propriétaire. Chaque véhicule commercial est doté d’un GPS communiquant avec les autorités, tout véhicule non-immatriculé dans la région est surveillé par la police via un système lecteur de plaque d’immatriculation. Tout véhicule entrant sur le territoire est pris en photo avec le visage du conducteur. Lors des contrôles dans la rue, très fréquents, une machine est connectée au smartphone de la personne contrôlée pour vérifier le contenu du téléphone. Du coup, la plupart des gens ont un 2eme téléphone, vide, pour sortir, là où les choses confidentielles sont sur celui qui reste à la maison. Lors d’arrestations, on enregistre la voix des individus pour pouvoir la reconnaître dans le futur. En deux ans, les dépenses de surveillance ont été multipliées par 40

La Chine met en place le contrôle social des individus pour le bonheur du peuple

Voici cinq articles édifiants sur la surveillance dans l'empire du milieu; rassurons-nous, comme nous l'explique Mark Leonard dans le dernier papier, c'est du pareil au même dans les pays occidentaux.

médias et réseaux sociaux - la fabrique du pouvoir; Macron ou la tentation autoritaire | Juan Branco

Le 18 juillet dernier, Aude Lancelin s'entretenait,  avec Juan Branco, extraits :

« (...) Selon vous, les réseaux sociaux peuvent-ils à un moment donné être davantage encadrés qu’ils ne le sont aujourd’hui, littéralement repris en main par le même type de puissance financière ? Y a-t-il des risques nouveaux qui pèsent sur ce type de réseau ?

Ils le sont déjà. L’algorithmisation des feeds (en gros, ce qui fait apparaître l’information sur Twitter ou Facebook). Il faut se rappeler que Facebook au départ montrait de façon chronologique tout ce qui était fait par tous vos amis sans filtre aucun. Twitter également. Là, il y a une algorithimisation progressive qui fait que de plus en plus vous avez un contenu filtré au préalable sur un certain nombre de critères qui n’ont évidemment qu’un objectif : accroître votre présence sur le site et vous faire aller vers les contenus les plus rentables pour le site en question. Votre accès à l’information est donc progressivement filtré par des acteurs qui n’ont qu’une intention : rentabiliser votre présence. Ce sont ces plateformes qui aujourd’hui déterminent à quelle information vous allez avoir accès, qu’elle soit vraie fausse, orientée ou pas. (...)

Mais la question qui est posée à travers tout cela, c’est tout simplement le fait qu’il y a des groupes privés – qui par ailleurs n’appartiennent pas à notre espace politique, qui sont aux Etats-Unis, qui décident de ce qui doit être montré ou pas – qui ont la capacité de tuer une information et de mettre telle autre. Avant même la question de la manipulation de l’information de façon intentionnelle, le simple fait que ça existe et que ce qui est affiché le soit sur critère de rentabilité et non pas sur critère de pertinence politique pose un vrai problème démocratique. C’est en fait pour moi la question fondamentale aujourd’hui.


De la même façon, quand on parle de l’appartenance des groupes traditionnels à des oligarques. Je tiens beaucoup à ce terme d’ « oligarque ». Xavier Niel, aujourd’hui, quand on parle de lui, je pense qu’il faut vraiment insister sur ce fait que sa fortune s’est construite non pas sur le dos, mais en tous cas en dépendance de l’Etat et du bien public. C’est quelqu’un qui, si demain l’Etat prend une décision en sa défaveur, perd complètement sa fortune du jour au lendemain. S’il perd ses licences d’exploitation, qu’elles soient téléphoniques ou Internet, son groupe disparaît. Et cela, c’est un pouvoir que l’Etat, c’est-à-dire les Français, a à tout moment de le lui retirer. Il décide d’investir dans les médias, il le dit de façon très claire pour qu’on ne l’ « emmerde plus », pour reprendre ses termes. Dans ces médias, il joue un rôle très indirect mais marqué (vous le savez beaucoup mieux que moi), celui de placer quelqu’un qui a un rôle plus ou moins invisible pour le public, qui va être le directeur général des médias en question (en l’occurrence Louis Dreyfus), qui ne va pas avoir de rôle immédiat dans la sélection de ce qui doit être publié ou non. Ce n’est pas quelqu’un qui va pouvoir dire (vous me contredirez si je me trompe) : cet article ne peut pas sortir. Il n’a pas de rôle dans le rédactionnel immédiat. Sauf que c’est quelqu’un qui, sur le long terme, va décider de qui va être recruté ou non, qui voit ses contrats renouvelés ou non, sous quelles conditions, qui va être nommé aux postes de responsabilité – la rédaction en chef, la direction de la rédaction, etc. Qui donc va influencer de façon beaucoup plus pernicieuse, sur le long terme, la production de l’information et qui va faire qu’on ne va pas avoir besoin d’intervenir directement dans la production de l’information. (...)

C’est-à-dire qu’il est très difficile de créer un nouveau média, il faut des capitaux importants. Les fortunes sont concentrées, c’est très difficile de se lancer. Du coup, ils savent très bien qu’ils ne vont pas se faire remplacer, ils vont en fait abaisser le seuil progressivement, et tout ira bien jusqu’à ce que ça explose. Outre cela, sur l’espace traditionnel, on a un problème très similaire de concentration du pouvoir politique – parce que c’est ça au final, la capacité de décider quelle information doit être lue, comment elle doit être produite et mise en œuvre, placée dans les mains de personnes qui ont, derrière leurs discours éthiques, une seule intention : faire rentabiliser l’investissement de leurs actionnaires, parce que sinon ils sont sortis de leurs entreprises. On se trouve face à un assèchement de l’espace politique très dangereux pour la démocratie, et même pour la santé mentale de nos concitoyens. On est très appauvris et on n’arrive pas à avoir prise sur ce qui nous affecte.

(...) Vous avez écrit récemment à ce sujet un texte montrant qu’il y avait quelque chose de particulièrement dangereux dans le type de pouvoir en train de se mettre en place. Vous parlez d’ « inspiration poutinienne », de « gestion oligarchique des médias », de « pulsion autoritaire », de « contrôle absolu de l’espace public ». Est-ce que vous avez le sentiment que ce message-là peut passer en ce moment auprès de la population ?
 
C’est le danger de ce genre de pouvoir qui se met en place au départ de façon démocratique, ou d’apparence démocratique, et qui du coup va s’imposer par des schémas très indirects. De la même façon, il est très difficile aujourd’hui de percevoir Xavier Niel comme un oligarque, et de faire installer cette idée que c’est quelqu’un qui investit dans les médias pour s’assurer de garder sa fortune personnelle, créer des réseaux d’influence au sein de l’Etat qui vont faire que, dans l’ensemble, il va constituer du pouvoir. Du coup, derrière, il va appuyer ses affidés, en l’occurrence Emmanuel Macron qu’il connaît depuis longtemps. Il avait été l’un des premiers à qui Macron avait annoncé qu’il comptait se présenter à la présidence de la République alors qu’il était encore secrétaire général adjoint à l’Elysée, donc même pas encore ministre. (...)

Ce qui est intéressant bien qu’étant un autre sujet, c’est la dépendance à l’argent de qui veut faire quelque chose aujourd’hui en France, et cette sorte de rite initiatique qu’il est obligé de passer, et de passer en quelque sorte par les milliardaires pour faire quelque chose. Parce que l’accès aux capitaux pour lancer des projets intéressants est devenu très difficile. Donc on me présente à cette personne et à la fin il nous dit : – Ah, j’ai reçu un texto d’Emmanuel Macron. Je dis : c’est un être méprisable ? – Non, non, il est très bien, je m’entends bien avec lui, d’ailleurs il veut devenir président de la République. Il dit cela un peu en rigolant, mais il fait part de cette complicité invisible qu’Emmanuel Macron construit, grâce à son accès au pouvoir que lui a donné le fait d’avoir fait l’ENA, d’être devenu Inspecteur général des Finances, puis d’avoir été nommé secrétaire général de l’Elysée (la banque Rothschild au milieu, je ne suis pas sûr que c’est à ce moment-là qu’il le rencontre). En tout cas, il s’est constitué son carnet d’adresses via la puissance publique, via l’Etat, via la République, et il va ensuite s’appuyer sur cette personne et sur un certain nombre d’autres pour construire sa base de lancement qui derrière va lui permettre de devenir effectivement président de la République. Evidemment, il y a des liens de dépendance qui se créent à ce moment-là. Quand vous vous êtes appuyé sur la mansuétude voire les réseaux de cette personne, notamment pour les levées de fonds, pour arriver à la présidence de la République, au-delà de l’affinité idéologique qui peut exister et qui est réelle, qui est une affinité de classe en fait, il va y avoir toute série de service contre service, de don contre don, qui ne sont pas perçus comme étant de l’ordre de la corruption ou du conflit d’intérêt par ces individus. Ils pensent vraiment mutuellement qu’il va y avoir en face d’eux quelqu’un de grande valeur et qu’il s’agit de défendre pour sa valeur et non pas parce qu’en fait il va défendre des intérêts mutuels. Rien que ça, rien que l’existence d’un système oligarchique est très difficile à montrer. C’est très difficile d’aller au-delà de l’image de Macron, l’homme qui partait de rien et qui est devenu quelqu’un. Parce qu’il faut une connaissance très fine du système de l’intérieur.


Le jeune homme très doué, qui a eu le courage de la solitude, de partir…

Alors que n’importe quelle personne qui est passée par ces étapes (comme moi par exemple, Normale, etc.) sait très bien à quel point ce parcours est parfaitement classique et offre à tous les moments les moyens de l’opportunisme le plus crasse, qui vont permettre de monter, en deçà de tout engagement idéologique ou autre, pour prendre une position de pouvoir. Il n’y a rien de plus facile quand on a fait Henri IV. On a raté Normale, d’accord, mais on a réussi l’ENA derrière. On se débrouille bien, grâce à son capital culturel qui permet d’avoir accès à tout ça, parce qu’on est fils d’un médecin chef d’un service urgentiste. Par ailleurs, on a une relation avec quelqu’un qui a une connaissance très fine de comment se constituent les élites politiques, quelles sont les priorités sur lesquelles il faut investir en termes éducationnels, quels livres il faut lire, qu’est-ce qui plaît en gros au système ; et comment on se déploie facilement une fois qu’on fait ce choix d’être sans foi ni loi et de ne vouloir que le pouvoir pour le pouvoir. Donc montrer que c’est une mise en scène complète est très compliqué, parce qu’il n’y a pas d’espace médiatique notamment pour déployer ce décryptage.
D’autre part, il est difficile de faire le lien entre cela et la constitution de cette image à travers ces médias-là, qui sont détenus par les Xavier Niel, et de montrer que ce n’est pas un complot immédiat. Ce n’est pas Xavier Niel qui dit : « vous mettez en Une Emmanuel Macron ». C’est beaucoup plus fin que ça. Tout ça prend du temps, c’est une élaboration très compliquée à comprendre. Donc soit on entre dans le discours simple : ah oui, c’est un oligarque, Macron c’est un vendu, c’est un complot, vous vous faîtes manipuler. Du coup, les gens sentent qu’il n’y a pas de finesse dans l’analyse, il est difficile de convaincre au-delà de ceux qui sont déjà convaincus. Soit vous entrez dans l’élaboration complexe, et là il faut demander aux personnes un temps qu’elles n’ont pas, les amener à faire des plateformes comme celle-ci vers lesquelles elles ne vont pas naturellement. Je ne suis pas sûr qu’on puisse résister à ce genre de déferlante qui est si bien huilée, qui mobilise à la fois des pouvoirs financiers, médiatiques, étatiques, la haute fonction publique – pas n’importe laquelle, le corps le plus puissant de France avec M. Jouyet qui était au cœur de ce corps, qui était directeur de l’Inspection générale des Finances : et que M. Macron a remplacé par intérim pendant deux ans, ce qui lui a permis de placer des inspecteurs généraux des Finances dans l’appareil d’Etat avant même qu’il soit parti chez Rothschild… Tout cela, ce sont des petites choses qui ne sont pas connues, qui ne sont pas décryptées, sur lesquelles on n’enquête pas. Et qui pourtant sont les seules explications à l’ascension fulgurante de cet individu et à la constitution, depuis, d’un pouvoir oligarchique de façon transversale – qui allie haute fonction publique, investisseurs qui défendent les intérêts de classe, ses hommes à lui qu’il est en train de faire monter – qui vise à écraser complètement l’espace démocratique.
Ça ne sert à rien d’avoir un discours alarmiste a priori, mais pour moi c’est structurel. Il n’y a pas d’intention autoritaire particulière chez Macron. Bon, il se prend pour Jupiter, c’est un enfant-roi… On pourrait faire de la psychologie de bazar, mais structurellement son pouvoir se constitue de façon à devenir autoritaire. Parce que pour le maintenir, pour maintenir les intérêts de ceux qui l’ont porté jusque-là, il est obligé de passer par une forme autoritaire d’exercice du pouvoir qui s’auto-entretient. De la même façon, je ne suis pas sûr que Poutine ne se soit pas pris pour un tsar dès le premier jour où il est arrivé au pouvoir, alors que c’est tout le contraire : il avait été placé là de la même façon que Macron. Il y avait une opportunité qui était vue à travers cet être et plusieurs personnes s’y sont engouffrées. Je ne pense pas qu’aujourd’hui Macron se voie comme quelqu’un qui voudrait exercer un pouvoir autoritaire. Je pense qu’il est convaincu de sa bonne foi, mais qu’à terme on se rendra compte de la grande violence en fait du dispositif qu’il est en train de mettre en œuvre. (...) »

Sur la schizophrénie ambiante en matière écologique...

Extraits de deux textes qui se télescopent dans mon fil de lecture; le premier, très court, pointe une contradiction de nos sociétés en matière écologique, le second est en fait un livre, sous-titré « Réformer l'écologie pour nous adapter à la réalité » et semble vouloir répondre à la question « Comment avons-nous fait pour en arriver là ? Comment expliquer en particulier que nos projets écologiques n’aient eu aucun effet positif à ce jour, voire des effets inverses, alors que des solutions auraient dû être mises en œuvre et avoir été efficaces dès les années 1970, en particulier pour le climat, dont l’évolution subit une très grande inertie ? », les premiers chapitres sont à lire sur le web.

« Un impossible rêve : la vertu écologique », Vincent Rey, Blog de Paul Jorion, 31/10/2017
Les appels à la « vertu écologique » ont beau être nombreux, la dégradation de l’environnement (0) suit son cours. Combien de temps nous reste-t-il, pour réaliser que la recherche de la vertu est un vœu pieux, en matière d’environnement ?
(...)
Nous sommes obstinés, nous voulons « croire » en l’émergence d’une « vertu écologique globale », qui résulterait en quelque sorte, de la somme de nos « vertus écologiques individuelles » (5). Cette croyance est une illusion
(...)
Nous préférons « croire » ce que nous espérons, la survenue d’un Homme meilleur, quitte à occulter les mises en garde de plus en plus nombreuses des scientifiques (0).
(...)
Une attitude de déni, comparable à celle d’un homme amoureux, refusant d’admettre qu’il n’est pas aimé en retour, faisant des offrandes (6), suppliant l’être aimé de l’épargner, l’insultant bientôt, furieux de son impuissance. Le plus tôt un tel Homme trouve en lui la force de renoncer à ses faux espoirs, le mieux c’est pour lui, même s’il doit avoir, en abandonnant ses illusions, l’impression de se couper un bras. Cet Homme vertueux n’existant pas, alors inutile de perdre du temps : il faut regarder en face la TOTALITÉ DE L’ACTIVITÉ HUMAINE, pour en analyser secteur par secteur, ce qui impacte l’environnement : une tâche immense, révolutionnant non seulement toute la structure des revenus, mais aussi toute la structure des souverainetés et des influences.
(...)
Ce n’est pas l’écologie qui est un impossible rêve, c’est l’écologie qui repose sur le volontariat, sur l’individu vertueux.

« Transition 2017 – 1/4 : La réalité n’existe pas », Vincent Mignerot, Adrastia, juil 2017
« Transition 2017 – 3/4 : Mythologie écologique », Vincent Mignerot, Adrastia, juil 2017
L’humanité, malgré ses bonnes intentions, est condamnée à faire brûler la maison et essayer de ranger la cuisine après.
(...)
Abstraction faite du jeu moral opportuniste et du gain narcissique obtenu par le porteur de la bonne parole écologique, la réalité existe toujours autour du discours : l’essentiel des humains ne veut pas détruire l’environnement mais le fait quand même, et c’est là notre critique et notre inquiétude principale. Les humains détruisent d’autant plus l’environnement qu’il leur est possible de brandir l’étendard de la bonne intention pour demain. Le discours messianique perd tout sens opératoire dès lors que le public se l’approprie pour se dissimuler à lui-même la factualité de son action. Nous aurons balisé au fil de ces textes les éléments qui sous-tendent la construction d’un discours écologique idéalisé capable de rassurer artificiellement les populations sur leur avenir : raisonnement à rebours sur la possibilité de protéger l’environnement, sur la possibilité de substituer une énergie par une autre, sur la possibilité de s’affranchir de la compétition pour l’existence, attribution arbitraire et conflictualisée de la faute écologique à un autre que l’individu lui-même.
5 Honnêteté écologique
Que se passerait-il si nous cessions – si nous en sommes capables – d’attribuer à un autre, de quelque façon que ce soit, la responsabilité de ce que nous opérons chacun sur le monde ?
Si nous continuons à avancer dans la défausse et les illusions collectives, ne risquons-nous pas aujourd’hui, étant donné le contexte, de restaurer le risque d’une gouvernance du clivage et de la violence, le déni de réalité étant le plus court chemin vers l’attaque concrète de cette réalité ?
Convoquer des tiers, quels qu’ils soient, pour apaiser notre esprit et légitimer notre action doit sûrement être proscrit désormais si nous souhaitons ouvrir à la conscientisation réelle de notre impact. Le rejet de responsabilité est sans aucun doute le plus performant outil de procrastination écologique, l’histoire semble le montrer très exactement.
Parmi les défis auxquels nous expose l’effondrement à venir, il n’est pas le moindre que d’admettre enfin que dans le processus collectif de destruction de l’équilibre écologique vital, chacun fait sa part.
Plan des articles de Vincent Mignerot :
Avant-propos général
1/4 : La réalité n’existe pas
    1 Trop tard
    2 Trop complexe
    3 Trop injuste
    4 Pour toujours
2/4 : Écologie et post-vérité
    1 Protection de l’environnement
    2 Substitution des énergies
    3 Compétition existentielle
    4 Post-vérité
3/4 : Mythologie écologique
    1 Substitution causale
    2 Culture de la substitution
    3 Responsabilité réelle
    4 Messianisme écologique
    5 Honnêteté écologique
4/4 : Éléments pour un programme et une éthique de transition, mise en ligne reportée

Energie et environnement, revue de web, sept-oct 2017

  • Une histoire environnementale de l'humanité
  • Climat
    • Analysis: How well have climate models projected global warming? Zeke Hausfather, Carbon Brief, oct 5, 2017
      "Scientists have been making projections of future global warming using climate models of increasing complexity for the past four decades. These models, driven by atmospheric physics and biogeochemistry, play an important role in our understanding of the Earth’s climate and how it will likely change in the future. Carbon Brief has collected prominent climate model projections since 1973 to see how well they project both past and future global temperatures, as shown in the animation below."
    • The real climate debate, Nature, 12/10/2017 
    • Steven Chu : "Have scientists provided enough good information on climate change to the public?We can do better. Climate is a very complex thing to simulate. The failure to predict the global temperature plateau that we experienced from 2002 to 2012 was held up as proof that climate scientists didn't know what was going on. We now know that the models failed to accurately predict the subtle changes in warming of the deep oceans, although when averaged over two decades they were accurate. We've also underestimated the extent of many alarming changes, and it's still hard to predict with any precision what's going to happen; the full effects of greenhouse-gas emissions won't be seen for at least a hundred years. It's like going to your doctor and saying “I'm 32 kilos overweight and I smoke, but unless you can predict exactly what's going to happen to me and when, I'm not going to give up cheesecake and cigarettes”. No patient would demand that of their doctor, so why should we demand it of climate scientists before we take action? "
    • Le mensonge de la géo-ingénierie, Barbara Unmüßig - Project Syndicate, Oct 12, 2017
      "À l’heure où le monde peine à maîtriser ses émissions de gaz à effet de serre et à limiter le réchauffement climatique, une nouvelle solution technologique miracle suscite l’enthousiasme de plus en plus de partisans. La géo-ingénierie – manipulation à grande échelle des fonctionnements naturels de la planète Terre – se popularise ainsi en tant que moyen de contrer les effets négatifs du changement climatique."
    • Voici comment votre monde pourrait prendre fin, par Peter Brannen, 12 sept 2017
      "Dans cet extrait de son livre Fins du Monde (Ends of the World), le journaliste scientifique Peter Brannen étudie les extinctions massives et l’issue catastrophique de l’augmentation des températures pour l’ensemble de la population mondiale."
  • Sécheresse et conflits
    • La Syrie, une guerre climatique ? Les liens complexes entre sécheresse, migration et conflit, Lina Eklund, Darcy Thompson, 28 août 2017
      "Cela fait maintenant plus de six ans que la guerre civile a débuté en Syrie. Vous avez certainement entendu la théorie qui relie ce conflit au changement climatique. Une intense sécheresse, probablement causée par le réchauffement en cours, aurait entraîné une migration de masse de la campagne syrienne vers les villes. Cette hausse de la population urbaine ne serait pas étrangère au soulèvement de 2011, qui a fini par dégénérer en guerre civile. Cette théorie part du postulat qu’il existe un lien entre sécheresse, exode rural et guerre. Cette connexion n’est pourtant pas si évidente. Et pointer le rôle du climat présente le risque de minimiser celui des facteurs politiques et socio-économiques. Une sécheresse n’est pas forcément synonyme de conflit."
    • Drought — a cause of riots, UNIGE june 2017
      "The researchers, who controlled for a very wide range of ancillary variables, found that a period of drought increases the overall possibility of rioting by 10% in a given month in any region, whether it is a desert or not, and regardless of whether it is close to a city. “But, points out Lucchetti, if you cross-reference other geographical and social factors, this percentage rises dramatically.” In fact, three key elements play a leading role in the likelihood of drought-related riots. The first is population density: the more densely populated a region is, the greater the need for water. If there is shortage of “blue gold” in the most dense areas, the probability of a riot breaking out jumps by 50%. Similarly, if a region where there are no lakes or rivers is struck by drought, the risk of a conflict breaking out is multiplied by two; by contrast, areas boasting lakes and rivers see the same risk decreasing proportionally. Finally, if several different ethnic groups share the same water resource within the same region, traditional institutional arrangements may temporarily collapse in the event of a shortage, swelling the risk of conflict by a factor of two."
  •  Pollution : La quotidienne de l'énergie du 12 octobre - Politiques Energetiques 
      "En 2014, la pollution de l’air a causé la mort prématurée de 520 400 personnes en Europe[à comparer aux nombres de mort causés par le nucléaire ou le terrorisme]. Un rapport de l’Agence européenne de l’environnement indique que ce sont les particules fines suivies du dioxyde d’azote et de l’ozone qui font le plus de victimes. Malgré les nombreux dépassements, l’agence évoque une « lente » amélioration de la qualité de l’air. En 2013, le nombre de décès liés à la pollution était encore plus important. L’Italie et la Pologne sont particulièrement exposées à la pollution de l’air, en raison du chauffage individuel au charbon en Pologne et la concentration d’industries et de grandes agglomérations dans le Nord de l’Italie. (Le Monde)"
  • Ressources et Énergie
    • Ugo Bardi’s “Extracted: How the Quest for Mineral Wealth Is Plundering the Planet" excerpt, 2014
      "The limits to mineral extraction are not limits of quantity; they are limits of energy. Extracting minerals takes energy, and the more dispersed the minerals are, the more energy is needed. Today, humankind doesn’t produce sufficient amounts of energy to mine sources other than conventional ores, and probably never will."
    • Du mythe de la croissance verte à un monde post-croissance, Philippe Bihouix, Le Partage, Sept 2017
      "L’ar­ticle suivant, qui dénonce l’illu­sion des solu­tions haute­ment tech­no­lo­giques (dont les éner­gies dites renou­ve­lables) dans la lutte contre le chan­ge­ment clima­tique, est tiré de l’ou­vrage collec­tif Crime clima­tique stop ! : L’ap­pel de la société civile (éd. du Seuil, 2015). Son auteur, Philippe Bihouix, est un ingé­nieur borde­lais auteur de L’Âge des low tech, vers une civi­li­sa­tion tech­nique­ment soute­nable (éd. du Seuil, 2014)."
    • China faces looming energy crisis, warns state-funded study, Nafeez Ahmed, Oct 5, 2017 "A new scientific study led by the China University of Petroleum in Beijing, funded by the Chinese government, concludes that China is about to experience a peak in its total oil production as early as next year. Without finding an alternative source of “new abundant energy resources”, the study warns, the 2018 peak in China’s combined conventional and unconventional oil will undermine continuing economic growth and “challenge the sustainable development of Chinese society.” This also has major implications for the prospect of a 2018 oil squeeze — as China scales its domestic oil peak, rising demand will impact world oil markets in a way most forecasters aren’t anticipating, contributing to a potential supply squeeze. That could happen in 2018 proper, or in the early years that follow. There are various scenarios that follow from here — China could: shift to reducing its massive demand for energy, a tall order in itself given population growth projections and rising consumption; accelerate a renewable energy transition; or militarise the South China Sea for more deepwater oil and gas. Right now, China appears to be incoherently pursuing all three strategies, with varying rates of success. But one thing is clear — China’s decisions on how it addresses its coming post-peak future will impact regional and global political and energy security for the foreseeable future. Fossil fuelled-growth"  
  • 100% Renewable Energy
  • Capitalisme, gouvernance et transition
    • Croissance verte versus décroissance du fossile : la face sombre de la transition, Alain Grandjean, 29 août 2017
      "S’il va de soi que la transition énergétique conduit à développer de nouvelles activités (efficacité énergétique et sobriété carbone dans tous les compartiments de l’économie, énergies décabonées, …) elle ne se réduit malheureusement pas à l’installation de panneaux solaires ou d’éoliennes, et pas plus à celle de centrales nucléaires. Il s’agit de faire massivement décroître des activités ce qui nécessite une volonté politique sans faille. Cette face sombre de la transition est probablement la principale raison de sa lenteur. On comprend bien que le personnel politique préfère mettre en avant sa face claire (la création d’activités, d’emplois et l’innovation). Pour autant la dérobade devant l’obstacle, faute de volonté et de courage politique a des conséquences sociales économiques et bien sûr écologiques désastreuses."
    • Le capitalisme est-il responsable… de la destruction de la biosphère et de l’explosion des inégalités ? Alain Grandjean, 14 sept 2017
      "Nous allons ici tenter de montrer que le capitalisme sous sa forme actuelle est bien responsable du désastre écologique actuel et de l’explosion des inégalités sociales, ce qui permet d’envisager des solutions à terme assez court : il est plus facile de réformer le capitalisme que la nature humaine… Nous montrerons aussi que la nécessaire lucidité sur les risques que nous encourons n’est pas synonyme d’une nostalgie qui serait déplacée par rapport au bon vieux temps. Ne nions pas les progrès (2), mais intéressons nous à la manière d’éviter qu’ils ne puissent être considérés par nos descendants comme un simple feu de paille. La présente note est rédigée de manière très synthétique mais en documentant au maximum ses affirmations."
    • La transition anti-écologique : comment l’écologie capitaliste aggrave la situation, Nicolas Casaux, sept 2017 
    • From oilslick to tyranny, Norman Pagett, Extra Newsfeed, June 5 2017
      "People with full bellies, stable homes and secure employment do not allow themselves to be involved in civil disorder. Unfortunately we are living on borrowed money in a bankrupt society. When our debts catch up with us, society will collapse, violent disorder will ensue and martial law will be inevitable. Pre-oil, despotic rule was the norm and democracies did not exist; we are going to return to that era. The hallmark of the tyrant is already being stamped on the nation for anyone willing to recognise it. Suppression of truth is already in hand, information on climate change has been removed from government websites. It is the preparation for your future governance. No names are given here, because no-one will recognise the opportunist until he makes his grab for ultimate power. It will not be who you expect it to be."

Mythologie écologique

 Mythologie écologique, Vincent Mignerot, Adrastia, 6 juillet 2017. (Les accentuations sont ajoutées) :
"Abstraction faite du jeu moral opportuniste et du gain narcissique obtenu par le porteur de la bonne parole écologique, la réalité existe toujours autour du discours : l’essentiel des humains ne veut pas détruire l’environnement mais le fait quand même, et c’est là notre critique et notre inquiétude principale. Les humains détruisent d’autant plus l’environnement qu’il leur est possible de brandir l’étendard de la bonne intention pour demain. Le discours messianique perd tout sens opératoire dès lors que le public se l’approprie pour se dissimuler à lui-même la factualité de son action. Nous aurons balisé au fil de ces textes les éléments qui sous-tendent la construction d’un discours écologique idéalisé capable de rassurer artificiellement les populations sur leur avenir : raisonnement à rebours sur la possibilité de protéger l’environnement, sur la possibilité de substituer une énergie par une autre, sur la possibilité de s’affranchir de la compétition pour l’existence, attribution arbitraire et conflictualisée de la faute écologique à un autre que l’individu lui-même.
[...]
Que se passerait-il si nous cessions – si nous en sommes capables – d’attribuer à un autre, de quelque façon que ce soit, la responsabilité de ce que nous opérons chacun sur le monde ? Si nous continuons à avancer dans la défausse et les illusions collectives, ne risquons-nous pas aujourd’hui, étant donné le contexte, de restaurer le risque d’une gouvernance du clivage et de la violence, le déni de réalité étant le plus court chemin vers l’attaque concrète de cette réalité ? Convoquer des tiers, quels qu’ils soient, pour apaiser notre esprit et légitimer notre action doit sûrement être proscrit désormais si nous souhaitons ouvrir à la conscientisation réelle de notre impact. Le rejet de responsabilité est sans aucun doute le plus performant outil de procrastination écologique, l’histoire semble le montrer très exactement. Parmi les défis auxquels nous expose l’effondrement à venir, il n’est pas le moindre que d’admettre enfin que dans le processus collectif de destruction de l’équilibre écologique vital, chacun fait sa part."

Cyclones et changement climatique

Il paraît que les médias et les politiques ont associé la récente série d'ouragans au réchauffement climatique. Il semblerait qu'ils sont allé un peu vite en besogne. Voici quelques liens solides qui affirment le contraire.


Non, il n'y a pas plus d'ouragans qu'il y a 50 ans [infographie], cFactuel, 14/09/2017

Leçons de cyclones pour le climat, Sylvestre Huet, 20/09/2017
  • Il est impossible de tisser un lien de causalité entre un événement météo isolé et une tendance climatique en cours.
  • En revanche, une analyse a posteriori, fondée sur un ensemble de simulations numériques explorant les possibles d’un climat inchangé et d’un climat changé permet d’évaluer la probabilité d’occurrence d’un phénomène météo en fonction de ces deux climats.
  • Les risques de cyclones plus intenses ou plus fréquents dans un climat plus chaud à la fin du siècle sont mal connus. Leur simulation reste délicate. Un raisonnement simpliste ne faisant appel qu’à l’élévation de la température des cent premiers mètres de l’eau des océans pourrait conclure à l’augmentation de leur fréquence, mais ce n’est pas ce que montrent les simulations numériques. En effet la formation d’un cyclone dépend aussi de l’ensemble de la troposphère et du gradient de température, ainsi que de vents en haute altitude pour son intensification. Or, le réchauffement général modifie peu le profil vertical des températures, le véritable catalyseur des phénomènes cycloniques. Leur nombre pourrait donc ne pas varier, voire baisser un peu avec le réchauffement.

Atlantic Hurricane Trends and Mortality Updated, Euan Mearns, September 12, 2017
The frequency of Atlantic hurricanes making landfall has not increased since 1880. The reported increase in the frequency of all hurricanes can be explained by under-recording in the pre-flight, pre-satellite era. The accumulated cyclone energy (ACE) index in the North Atlantic has been flat since 1950. Changes in ACE with time may be associated with the Atlantic Multidecadal Oscillation (AMO) and clearly has nothing to do with CO2 emissions. The maximum intensity of hurricanes has not increased with time. Nor has the cost of hurricane damage increased in the USA.

ACE : Accumulated cyclone energy
[Wikipedia] L’énergie cumulative des cyclones tropicaux (en anglais Accumulated cyclone energy ou ACE) est la quantité d'énergie globale d'un ou de plusieurs cyclones estimée à partir de la vitesse maximale des vents pour chaque période de six heures. Selon sa définition, elle n'est calculée qu'à partir du moment où le système atteint le niveau de tempête tropicale et ne tiens donc pas compte des dépressions tropicales plus faibles et souvent de courte durée de vie.
Cette quantité est un index de mesure utilisé par le National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) des États-Unis pour quantifier l’énergie des cyclones tropicaux comme les ouragans et les typhons. L’indice total d'un cyclone ou de tous les systèmes tropicaux d'une saison dans un bassin océanique peut ainsi être évalué et comparé à d'autres cyclones ou saisons1


A General Linear Model for Trends in Tropical Cyclone Activity by Jamal Munshi, SSRN, 16 Jul 2015
"Abstract : The ACE index is used to compare tropical cyclone activity worldwide among seven decades from 1945 to 2014. Some increase in tropical cyclone activity is found relative to the earliest decades. No trend is found after the decade 1965-1974. A comparison of the six cyclone basins in the study shows that the Western Pacific Basin is the most active basin and the North Indian Basin the least. The advantages of using a general linear model for trend analysis are described."

"Last but not least", l'état de l'art par le laboratoire de dynamique des fluides géophysiques de l'administration américaine des océans et de l'atmosphère (NOAA). Je ne l'ai pas encore lu mais en voici les points essentiels (Global Warming and Hurricanes – Geophysical Fluid Dynamics Laboratory, Aug 30, 2017) :
  • It is premature to conclude that human activities–and particularly greenhouse gas emissions that cause global warming–have already had a detectable impact on Atlantic hurricane or global tropical cyclone activity. That said, human activities may have already caused changes that are not yet detectable due to the small magnitude of the changes or observational limitations, or are not yet confidently modeled (e.g., aerosol effects on regional climate). 

Likelihood Statements

The terminology here for likelihood statements generally follows the conventions used in the IPCC AR4, i.e., for the assessed likelihood of an outcome or result:
  • Very Likely: > 90%,
  • Likely: > 66%
  • More Likely Than Not (or Better Than Even Odds) > 50%
  • Anthropogenic warming by the end of the 21st century will likely cause tropical cyclones globally to be more intense on average (by 2 to 11% according to model projections for an IPCC A1B scenario). This change would imply an even larger percentage increase in the destructive potential per storm, assuming no reduction in storm size.
  • There are better than even odds that anthropogenic warming over the next century will lead to an increase in the occurrence of very intense tropical cyclone in some basins–an increase that would be substantially larger in percentage terms than the 2-11% increase in the average storm intensity. This increase in intense storm occurrence is projected despite a likely decrease (or little change) in the global numbers of all tropical cyclones.
  • Anthropogenic warming by the end of the 21st century will likely cause tropical cyclones to have substantially higher rainfall rates than present-day ones, with a model-projected increase of about 10-15% for rainfall rates averaged within about 100 km of the storm center.

Etat d'urgence et libertés civiles [revue de web]

« De plus en plus de militaires évoquent un passage à l’état de siège en cas de nouveaux actes terroristes ». Olivier Petitjean. Basta ! 16 mai 2017.
"Quel est le lien entre la multiplication des interventions militaires françaises à l’étranger, la priorité donnée au Rafale et aux exportations d’armes, et l’instauration de l’état d’urgence en France ? Dans son livre récent « Le Militaire. Une histoire française » (éd. Amsterdam), l’économiste Claude Serfati montre à quel point l’armée et les industries militaires sont « chez elles » dans les institutions et l’économie politique de la Vème République. Une tendance qui n’a fait que s’aggraver ces dernières années, sans que le poids politique et économique exorbitant du militaire en France soit vraiment contesté ni même débattu, y compris à gauche. La campagne électorale actuelle ne fait pas exception. Entretien."
Londres victime du communautarisme, les Français réclament une dictature. Samuel Gontier. Ma vie au poste. 07 juin 2017.
"Lundi soir, sur France 5, BFMTV, CNews, LCI et France 2, tout le monde s’accorde à dire que l’attentat de Londres est le résultat d’un abominable laxisme communautariste. Heureusement, les Français sont plus raisonnables : ils préfèrent renoncer à leurs libertés pour être protégés par un Etat policier. "
Ligne par ligne, l’avant-projet de loi sur l’état d’urgence permanent. Marc Rees. 08 juin 2017.
"Le projet de loi renforçant la lutte contre le terrorisme et la sécurité intérieure annoncé par le gouvernement vient d’être dévoilé par le Monde. Next INpact vous propose une analyse ligne par ligne et librement accessible de ce nouveau texte sécuritaire."
"En résumé, le PJL Collomb va bien assurer le basculement de l’état d’urgence dans le droit commun. "
Ces libertés dans le viseur de l’avant-projet de loi. Pierre Alonso et Amaelle Guiton. 8 juin 2017.
"La loi adoptée en juin 2016 était censée, selon ses promoteurs, durcir suffisamment l’arsenal en donnant de nouvelles prérogatives au parquet pour permettre de revenir au droit commun. Mais le texte dégainé par l’exécutif et publié par le Monde va encore plus loin, en faisant entrer dans le corpus antiterroriste des mesures de police administrative qui, jusqu’alors, avaient vocation à être limitées dans le temps. A péril extraordinaire, réponse exceptionnelle : forte, attentatoire aux libertés, mais temporaire. L’avant-projet de loi rompt définitivement cet équilibre précaire. A menace lancinante, riposte permanente, avec les outils de l’urgence, voire en les musclant, et en contournant l’autorité judiciaire."
Etat d’urgence dans le droit commun : pourquoi le projet du gouvernement inquiète. Les décodeurs. 9 juin 2017.
"Ce texte dit que quasi toutes les mesures de l’état d’urgence pourraient se retrouver dans le droit commun. En clair, des mesures jusqu’ici temporaires et exceptionnelles, qui limitent les libertés des citoyens le temps de lutter contre un danger imminent, risqueraient de devenir légales en temps normal."

Il était une fois les instituts de sondage [revue de web]

Il était une fois... les instituts de sondage. Ysabeau Leierkastenmann. 4 mars 2017.
Des conflits d'intérêts en cascade et un système actuel qui permet à des personnes de faire bouger les choses en leur faveur.
  • Comment est fait un sondage ?
  • Les sondages sont-ils représentatifs ?
  • Quel est le niveau de neutralité des sondages ?
  • Qui sont les instituts qui réalisent ces sondages ?
  • Qu'est-ce qu'un "panéliste" ?
  • Qu'est-ce que le "nudge" ?
  • En quoi est-il nécessaire de garder un esprit critique sur les pronostiques publiés dans la presse ?
Peut-on faire confiance aux sondages ? Jacques Monin. Secrets d’info. France Inter. 18 mars 2017.
"L'enquête sur le fonctionnement des sondages qui se trompent souvent"

Les 5 techniques utilisées pour manipuler les sondages d'opinion. Institut Pandore. 3 avril 2011.
"Il est évident que nos politiques et les médias usent et abusent de sondages pour faire dire au peuple ce qu’il n’a jamais dit. Et nous voilà alors dans de la pure désinformation. Voyons ensemble comment cela se passe concrètement."

Sondages : peut-on (encore) leur faire confiance ? Sylvain Tronchet. France Inter. 16 mars 2017.
"En période électorale près de cent sondages politiques sont publiés tous les mois en France. Pourtant, les méthodes des instituts sont de plus en plus contestées. "

Lire : Subunda. Coups de sonde dans l’océan des sondages Patrick Lehingue. Acrimed. 25 juillet 2007.
"Présentation (suivie d’un entretien) de Subunda. Coups de sonde dans l’océan des sondages, de Patrick Lehingue, éditions du Croquant, Bellecombe-en-Bauges, février 2007, 271 pages."

Pierre Bourdieu : L'opinion publique n'existe pas, 1972.
Les temps modernes, 318, janvier 1973, pp. 1292-1309. Repris in Questions de sociologie, Paris, Les Éditions de Minuit, 1984, pp. 222-235.
"Je voudrais préciser d'abord que mon propos n'est pas de dénoncer de façon mécanique et facile les sondages d'opinion, mais de procéder à une analyse rigoureuse de leur fonctionnement et de leurs fonctions. Ce qui suppose que l'on mette en question les trois postulats qu'ils engagent implicitement. Toute enquête d'opinion suppose que tout le monde peut avoir une opinion ; ou, autrement dit, que la production d'une opinion est à la portée de tous. Quitte à heurter un sentiment naïvement démocratique, je contesterai ce premier postulat. Deuxième postulat : on suppose que toutes les opinions se valent. Je pense que l'on peut démontrer qu'il n'en est rien et que le fait de cumuler des opinions qui n'ont pas du tout la même force réelle conduit à produire des artefacts dépourvus de sens. Troisième postulat implicite : dans le simple fait de poser la même question à tout le monde se trouve impliquée l'hypothèse qu'il y a un consensus sur les problèmes, autrement dit qu'il y a un accord sur les questions qui méritent d'être posées. Ces trois postulats impliquent, me semble-t-il, toute une série de distorsions qui s'observent lors même que toutes les conditions de la rigueur méthodologique sont remplies dans la recollection et l'analyse des données."
Observatoire des sondages
L’Observatoire des sondages exerce une veille scientifique sur les différentes facettes des sondages, non seulement les aspects méthodologiques des enquêtes et des statistiques mais aussi sur leur publication, leurs usages confidentiels et les commentaires politologiques ou journalistiques qui en sont faits quotidiennement.

Réparer la finance mondiale, entre la dette et le diable

La traduction française de « Between Debt and the Devil : Money, Credit, and Fixing Global Finance » vient de paraître sous le titre « Reprendre le contrôle de la dette. Pour une réforme radicale du système financier ». Gaël Giraud préface le livre de Lord Adair Turner, ancien président de l’Autorité des services financiers britanniques, vous la trouverez ci-dessous; quelques extraits centrés sur le diagnostic :
L’union bancaire Européenne ne protège nullement le contribuable Européen, français en particulier. Les plus optimistes devraient méditer le traitement inflige à la banque italienne en faillite, Monte dei Paschi di Siena, durant la Noël 2016 : la plus ancienne banque d’Italie a été nationalisée ; le contribuable italien aura donc à payer ses dettes. Tout comme en 2009, l’Europe continue de privatiser les profits et de socialiser les pertes.
[...]
En d’autres termes, ce que nous apprend Turner, c’est que la leçon de Karl Polanyi – ce grand économiste hongrois de l’entre-deux-guerres – est toujours valable : la finance déréglée est le meilleur ennemi de la prospérité et de la démocratie.
[...]
des 1986, la théorie de l’équilibre général walrasien – le « cœur » de l’économie orthodoxe avait démontré que les marches sont (presque) toujours très inefficaces. Turner illustre admirablement cette proposition en montrant que la libéralisation des flux de capitaux a généré un déséquilibre massif des comptes courants à l’échelle mondiale, forçant certains pays à s’endetter pour acheter la production des autres. Au niveau Européen, l’Allemagne illustre de manière caricaturale la manière dont un pays peut bénéficier de ce déséquilibre aux dépens de la quasi-totalité des autres membres de la zone euro.
[...]
La finance de marches ne serait pas celle que l’on connaît aujourd’hui sans l’évolution récente de nos sociétés tout entières. Aussi l’auteur examine-t-il comment nos sociétés dans leur ensemble ont pu en arriver là. Des sociétés dont l’accumulation de richesses a servi de combustible a l’expansion de la sphère financière. À tel point qu’aujourd’hui le crédit bancaire, destiné en principe à servir à financer de nouveaux capitaux (bon crédit), sert principalement a l’achat de biens fonciers déjà existants (mauvais crédit). À l’origine de cette déviance, selon Turner, une tendance naturelle des banques à favoriser la sécurité du foncier au détriment du financement d’actifs productifs. La hausse continue des biens immobiliers des grandes villes comme Londres ou Paris permet aux banques de prêter toujours plus d’argent aux individus pour le financement d’un même bien. En d’autres termes, la métropolisation de nos géographies – jointe à la relégation des classes pauvres et moyennes dans les banlieues – et l’instabilité macroéconomique sont deux aspects d’une même réalité : nous sommes « accros » à la (mauvaise) dette. C’est ce phénomène qui explique l’essentiel de la dérive des inégalités de patrimoine que l’on observe dans un certain nombre de pays de l’OCDE depuis trois décennies. Il préside au mécanisme central à l’œuvre dans l’analyse d’Adair Turner. Dans nos économies, estime-t-il, « la capacité illimitée du système bancaire à créer du crédit, de la monnaie et du pouvoir d’achat est uniquement contrainte par l’offre inélastique d’actifs fonciers spécifiques ». Pour l’auteur en effet, c’est l’interaction entre ces deux éléments qui est au cœur de l’instabilité macroéconomique. Ce qu’il écrit au sujet de l’immobilier vaut d’ailleurs, a mon sens, tout autant pour les actions financières. Depuis l’effondrement de la bulle Internet en 2001, le marché mondial des introductions en Bourse est resté essentiellement atone, à de très rares exceptions près. De sorte que le stock d’actions émises reste à peu près constant. Les tombereaux de liquidités émis par les banques centrales depuis la fin des années 1990 ont alors permis a ceux qui bénéficièrent de cette manne de spéculer sur les actions de la même manière qu’ils ont spéculé sur les centres-villes bourgeois des grandes capitales occidentales.
[...]
Au-delà du foncier, d’autres facteurs poussent a la création excessive de (mauvais) crédits selon Turner. Les inégalités favorisent le crédit, car la tendance naturelle des plus riches à épargner une plus grande proportion de leur revenu génère des tensions déflationnistes. Celles-ci contraignent les plus pauvres à contracter des crédits pour pouvoir garder leur niveau de consommation constant. C’est ici que l’auteur opère un lien fondamental entre l’accroissement des inégalités et la dynamique de la dette privée. Plus il y a d’inégalités, plus les pauvres (qui le peuvent) auront tendance à s’endetter. On pourrait du reste remarquer que cette dynamique perverse à tendance à s’auto-entretenir, car l’endettement des pauvres les contraint à consacrer une part grandissante de leur revenu au service de la dette, lequel gonflera les profits des banques, donc les dividendes de leurs actionnaires. Autrement dit, l’endettement des pauvres et des classes moyennes induit des profits supplémentaires pour les riches. Jusqu’au moment où, comme en 2007, les pauvres ne peuvent pas non plus rembourser leurs dettes et voient leurs biens saisis. Leur propriété est alors transférée au secteur bancaire, donc a ses « propriétaires ». L’endettement siphonne les revenus des pauvres pour les redistribuer aux plus riches, et le défaut de paiement achève de siphonner le peu de capital dont disposent les premiers pour le transférer aux seconds. Dans le cas d’un pays « zombie », comme la Grèce, le transfert prend la forme de privatisations, comme celle du port du Pirée, vendu pour une bouchée de pain, ainsi que celles d’iles entières dans la Méditerranée, d’aéroports grecs, etc.
[...]
L’auteur explique qu’au regard de la quasi-stagnation enregistrée par l’Europe depuis 2009 et compte tenu de l’accroissement phénoménal de dette (privée et publique) auquel nous recommençons d’assister dans de trop nombreux pays, le financement direct des déficits publics par voie de création monétaire est inévitable. C’est précisément ce Rubicon que les traites Européens interdisent à la Banque centrale Européenne de franchir. Pourquoi ? Parce que la zone euro est construite sur le dogme invraisemblable selon lequel, lorsque les banques privées créent de la monnaie pour maximiser leur profit, elles servent l’intérêt général, tandis que lorsque la Banque centrale crée de la monnaie pour un État, elle se compromet nécessairement dans les basses œuvres de la politique électoraliste. Dogme d’autant plus étonnant que les vingt-cinq dernières années nous ont tous édifiés sur la capacité du secteur bancaire prive a faire bon usage de son droit de battre monnaie, et que les dirigeants des banques, en France en tout cas, sont tous issus de la haute fonction publique. Lorsque ces fonctionnaires travaillent pour l’État, ils seraient notoirement incompétents, tandis que, des que leurs salaires sont multiplies par plus de cent a l’issue d’une pantoufle dans le privé, ils deviennent soudainement des experts.

Mireille Martini qui a encadré la traduction française, a résumé le livre début 2016.




Concilier intérêts économiques et transition énergétique

Comment concilier les intérêts économiques et les exigences de la transition énergétique ? source de la question (à la 55ème minute)
 

Revue de web (tardive) semaine 20

Scientists argue current climate change models understate the problem. February 8, 2017
"The authors argue that current estimates of the impact of climate change do not connect human variables—such as demographics, inequality, economic growth, and migration—with planetary changes. This makes current models likely to miss important feedbacks in the real Earth-human system, especially those that may result in unexpected or counterintuitive outcomes."

A new book ranks the top 100 solutions to climate change. The results are surprising. by David Roberts May 10, 2017
"A chat with Paul Hawken about his ambitious new effort to “map, measure, and model” global warming solutions."
  • The number one solution, in terms of potential impact? A combination of educating girls and family planning, which together could reduce 120 gigatons of CO2-equivalent by 2050 — more than on- and offshore wind power combined (99 GT).
It's simple. If we can't change our economic system, our number's up | George Monbiot 27 May 2014
"It's the great taboo of our age – and the inability to discuss the pursuit of perpetual growth will prove humanity's undoing "
Présidentielle 2017 - Énergie | Sciences Critiques 18 avril 2017
Écoutez notre émission de web-radio consacrée au thème de l'énergie dans la campagne présidentielle (51'44), avec :
- Romain Grandjean, ingénieur-projet pour l'association Shift Project
- Arthur Keller, ingénieur de formation, spécialiste des limites du système pour l'association Adrastia"

Une campagne sans énergie. Jean-Marc Jancovici avril 2017
  • de 2006 [...] à 2015, l’approvisionnement européen (importations comprises) a baissé de 20% pour le charbon, de 17% pour le pétrole, et de 18% pour le gaz
Oil Prices Lower Forever? Hard Times In A Failing Global Economy - Art Berman 7/15/2016
  • The oil-price collapse that began in July 2014 was technically about over-production. A surplus of unconventional oil from the United States and Canada, and a hiatus in geopolitical outages upset the world market balance and pushed prices lower.
    Some have tried to emphasize the role that demand played. But there is simply no comparison to the 10 mmbpd demand destruction that occurred between 1979 and 1983 nor is this anything like the 2.6 mmbpd demand decline in 2008-2009.
  • This price collapse is simply different than the others. It more fundamental. The economy has been pushed beyond its limits.
    Post-Financial Collapse monetary policies, the cumulative cost of nearly four decades of debt-financed growth, and the return of higher oil prices have exhausted the economy. Most debt is non-productive, interest rates cannot be increased, and 2016′s low oil prices are still one-third higher than in the 1990s (in 2016 dollars).
  • Producers and oil-field service companies are on life support. One-third of U.S. oil companies are in default.  Yet some analysts who have no experience working in the oil industry proclaim break-even prices below $40 per barrel and breathlessly predict that the business will come roaring back when prices exceed $50. Producers don’t help with outrageous claims of profitability at or below current oil prices that exclude costs and are not generally applicable to their portfolios.
  • As a result, the public and many policy makers believe that tight oil is a triumph of American ingenuity and that energy will be cheap and abundant going forward. The EIA forecasts that U.S. crude oil production will exceed the 1970 annual peak of 9.6 mmbpd by 2027 and that tight oil will account for almost 6 million barrels per day. Although I have great respect for EIA, these forecasts reflect a magical optimism based on what is technically possible rather than what is economically feasible.
  • Renewable energy will be increasingly part of the landscape but its enthusiasts are also magical thinkers.
    In 2015, renewables accounted for only 3% of U.S. primary energy consumption. No matter the costs nor determination to convert from fossil to renewable energy, a transition of this magnitude is unlikely in less than decades.
    Solar PV and wind provide much lower net energy than fossil fuels and have limited application for transport–the primary use of energy– without lengthy and costly equipment replacement. The daunting investment cost becomes critically problematic in a deteriorating economy.  Although proponents of renewable energy point to falling costs, more than half of all solar panels used in the U.S. are from China where cheap manufacturing is financed by unsustainable debt.
  • It is telling that energy and its cost can hardly be found among the endless discussions about the economy and its failure to grow. Technology optimists have disparaged the existence of an energy problem since at least the 1950s. Neither unconventional oil nor renewable energy offer satisfactory, reasonably priced, timely solutions to the dilemma.
  • As political leaders and economic experts debate peripheral issues, the public understands that there is something horribly wrong in the world. It is increasingly difficult for most people to get by in a failing global economy. That is why there are political upheavals going on in Britain, the United States and elsewhere.
    The oil industry is damaged and higher prices won’t fix it because the economy cannot bear them. It is unlikely that sustained prices will reach $70 in the next few years and possibly, ever.
    The British exit from the European Union adds another element of risk for investors. Lack of investment will inevitably lead to lower production, supply deficits and price spikes. These will further damage the economy.
  • The future for oil prices and the global economy is frightening. I don’t know what beast slouches toward Bethlehem but I am willing to bet that it does not include growth. The best path forward is to face the beast. Acknowledge the problem, stop looking for improbable solutions that allow us live like energy is still cheap, and find ways to live better with less.
Robots and carbon targets may signal the end of globalisation. University of Cambridge 17 May 2017
"New book suggests there is early evidence of a coming U-turn in the globalisation of manufacturing – and that the story we are told about the direction of the global economy is wrong."
" From Global to Local: the Making of Things and the End of Globalisation" by Dr Finbarr Livesey, an expert in public policy
  • “Robots are becoming cheaper than overseas labour, climate concern and volatile fossil fuel markets are restricting carbon footprints, and consumers increasingly expect tailored products with express delivery. Bouncing production around the planet is already making less and less economic sense,”
  • the technologies allowing the return of production to high-cost economies are unlikely to mean the promised return of jobs.
  • he draws attention to examples of what he believes to be “weak signals of early change” – as major companies tentatively start to U-turn on globalisation.
  • The new Adidas ‘Speedfactory’ uses automation and 3D printing to produce high-end trainers – not in China or South Asia, but in Germany.
  • Foxconn, the company that makes iPhone innards, raised eyebrows when they suggested robots could replace one million Chinese workers – and that production could even move to the US as a result.
  • Global supply chains cost companies time in an age of next-day delivery, and add risks of disruption – from cultural differences to natural disasters – and even intellectual property theft. They also take a heavy environmental toll: shipping alone produces a billion tonnes of carbon, roughly equal to that of Germany.
  • “Companies are deciding to have their production either in their home country or nearby. Automation is attacking the costs of labour and shifting the calculus for managers. Political forces are constraining the space for manufacturing, for example restricting emissions from transport. The early signs are there.”

Le modèle nordique : remède miracle de prospérité ? Sacha Tenenbaum 11/05/2017
" Le « modèle scandinave », qui associe la présence d'un Etat Providence universaliste à un environnement résolument libéral, est le symbole du succès des pays nordiques dans les classements de prospérité et de bien-être ;
· Ce modèle se base sur une histoire commune à ces pays, basée sur de faibles différences de classes. Ces éléments ont été les moteurs du développement d'une forte citoyenneté sociale et d'un système de gouvernance hautement démocratique, basé notamment sur le consensus politique et les arrangements sociaux ;
· La volonté d'équilibrer les comptes publics après un épisode de surchauffe des Etats-Providences dans les années 1990 a également conduit à un rigorisme budgétaire et fiscal inscrit dans la pierre ;
· Toutefois, aujourd'hui, une mondialisation croissante qui pénalise de plus en plus les fleurons industriels scandinaves, et une immigration qui met au défi le modèle de redistribution et la cohésion nordique, représentent les deux principaux défis auxquels ces pays doivent faire face."

Réduction du chômage et cohésion sociale : un défi audacieux. Olivier Passet 18 mai 2017
"Peut-on réduire le chômage dans les pays développés sans fragiliser la cohésion sociale ? C’est une question importante, car c’est bien là qu’achoppe la réforme du marché du travail en France, et que se nourrit l’idée d’une préférence française pour le chômage. L’idée que l’attachement français à la cohésion n’autorise pas les transgressions qui permettraient l’inclusion des moins qualifiés sur le marché du travail." https://www.youtube.com/watch?v=mOIkMKOyi6w


De graves erreurs économiques à l’origine de la déroute social-démocrate. Alain Grandjean. 18 avril 2017
  • 1 Il est faux de considérer que la priorité économique doit être donnée à la production de richesses (la croissance du PIB, la question des inégalités sociales étant politique). Comme l’a montré Pierre-Noël Giraud, dans son livre « L’homme inutile », les inégalités sociales constituent la question centrale en économie.
  • 2 La liberté de circulation des biens, services, personnes et capitaux (résumée sous le terme libre-échange dans la suite) que les socialistes français ont participé très activement à promouvoir et mettre en place en Europe est loin d’avoir les vertus théoriques que lui prêtent les cours de première année d’économie. Le libre-échange n’est pas automatiquement porteur d’une augmentation du bien-être collectif, ce que démontre clairement Gaël Giraud.
  • 3 Le focus mis sur la dette publique par les traités européens et entériné par tous les dirigeants socialistes est une grave erreur de pilotage. Ce qui compte en la matière c’est l’endettement total, privé et public.
  • 4 La politique de rigueur a été adoptée à contretemps en Europe et tout particulièrement en France.
  • Si chacun comprend qu’il n’est pas possible de maintenir éternellement des déficits publics trop élevés, il est aussi clair que, du fait d’un effet multiplicateur des dépenses publiques compris entre 1,2 et 1,5 en France, il ne fallait pas adopter trop rapidement une politique de réduction du déficit public, qui conduirait à une baisse de l’activité et serait sans effet sur le ratio de dette publique.
  • 5 Les mécanismes de financement de l’économie ont été passés au second plan alors qu’ils sont décisifs. En particulier l’abandon de la politique monétaire à la BCE et l’interdiction qui lui est faite de prêter directement aux Etats (dans des limites et avec une gouvernance à définir précisément) a été une erreur funeste.
  • 6 Depuis le passage aux 35 heures, organisé sous Lionel Jospin, la politique visant à mieux répartir le temps de travail a été déconsidérée, alors qu’elle avait créée des emplois (350000 selon un rapport de la DARES).
L’ordolibéralisme allemand, cage de fer pour le Vieux Continent. Le Monde diplomatique août 2015
"La seconde [approche] subordonne l’action gouvernementale à la stricte observance d’un ordre. Les politiques peuvent agir comme ils l’entendent pourvu qu’ils ne sortent pas du cadre, lequel se trouve de facto soustrait à la délibération démocratique. Le ministre allemand des finances Wolfgang Schäuble personnifie cet état d’esprit. « Pour lui, les règles ont un caractère divin », a observé son ancien homologue grec Yanis Varoufakis.

Cette idéologie allemande mal connue porte un nom : l’ordolibéralisme. Comme les adeptes anglo-saxons du « laisser-faire », les ordolibéraux refusent que l’Etat fausse le jeu du marché. Mais, contrairement à eux, ils estiment que la libre concurrence ne se développe pas spontanément. L’Etat doit l’organiser ; il doit édifier le cadre juridique, technique, social, moral, culturel du marché. Et faire respecter les règles. Telle est l’« ordopolitique » (Ordnungspolitik). L’histoire de cet interventionnisme libéral prend sa source dans le bouillonnement de l’entre-deux-guerres, il y a huit décennies."
Schauble, Merkel bienvenue à Macron, mais reddition d’abord! – Bruno Bertez 16 mai 2017
  • Le chef de l’état n’a pas hésité devant la presse à appeler Angela Merkel à ses responsabilités. Cette relance de l’Europe passe aussi à ses yeux par un « travail de conviction » de la chancelière à l’égard de son opinion, a souligné Emmanuel Macron. Une allusion aux réticences traditionnelles de l’Allemagne au sujet des projets de refonte de la zone euro, Berlin redoutant au final de payer pour les autres. Ce qui est incontournable dans une Union Politique, aucune monnaie commune ne peut fonctionner sans transferts en raison des divergences au sein de l’ensemble! 
  • En clair, le petit Macron a fait preuve de courage, maintenant il faut qu’il gagne sa majorité sur ses projets européens et son agenda des réformes.
    Mais la France doit d’abord payer, c’est à dire faire ses réformes et ensuite on verra. Et la réforme clef, c’est celle centrale du marché du travail ses « Pläne zur Reform des Arbeitsmarktes ». Les français ont ils voté pour cela? On verra! 
    Le paiement, Schauble est très explicite , c’est la séquence des évènements-”Das ist die richtige Reihenfolge-  dit Schauble, d’abord les réformes en France et ensuite nous examinerons l’agenda européen ce qui veut dire que la position Allemande ne change absolument pas.
    Le soutien à la position Française pour un changement dans les Traités et dans la Constitution Allemande ne peut être examiné qu’après que les pays tiers aient mis de l’ordre-allemand bien sur- dans leur maison et se soient suffisamment germanisés.
    Reddition d’abord , pas d’association sur un pied d »égalité.
    En passant Schauble en a profité pour récuser l’idée que les excédents Allemands avaient une responsabilité dans la situation déséquilibrée actuelle.
La guerre des classes - Le bondosage 28 avril 2017
"Le système médiatique et les classes sociales dominantes s'affolent aussi vite qu'elles se sont emballées au lendemain du premier tour des présidentielles. Le discours sur les heures les plus sombres de notre histoire est de retour. Il faut dire que le poulain pur sang du néolibéralisme à du mal à manier autre chose que les positions morales et les discours creux. Il est très difficile de cacher la médiocrité du personnage, d'autant plus que l'hubris qui caractérise les classes possédantes a tendance à leur faire dire malencontreusement tout haut ce qu'elles pensent tout bas. À l'image de Jacques Attali conseillé permanent de l'Élysée depuis les années 80, et pour qui les fermetures d'usine ne sont que des anecdotes."
La région parisienne, l'immobilier et la France périphérique - Le bondosage 10 mai 2017
"Cette élection a marqué les esprits de plusieurs manières. Elle a tout d'abord confirmé une dérive qui date maintenant d'une vingtaine d'années de dislocation territoriale. Comme l'a analysé Christophe Guilluy, il existe maintenant une opposition entre la France périphérique et la France des centres-ville. Cette coupure n'est pas uniquement liée à la crise en tant que telle. Mais aussi, et surtout à la flambée délirante des prix de l'immobilier de ces deux dernières décennies. Le phénomène est simple à expliquer la simple hausse du prix de l'immobilier et des loyers chassent la population la moins fortunée des villes. Un coup d’œil à ce graphique provenant du huffingtonpost montre l'absurdité de prix en France et la décorrélation qui a eu lieu entre l'évolution des salaires et celle des prix de l'immobilier. C'est d'autant plus vrai que l'on constate que contrairement à la situation américaine, qui s'est relativement assainie, la France se maintient à faire payer beaucoup trop cher les logements par rapport aux revenus disponibles. La bulle spéculative des années 2000-2006 n'a pas été corrigée en France. Il s'agit là d'un facteur essentiel à la déstructuration territoriale du pays. Car le phénomène de séparation spatiale était beaucoup moins marqué dans les années 80-90, période pourtant elle aussi touché par le chômage de masse et la surévaluation monétaire."
Google, idéologue du populaire ou opium du peuple ? Olivier Ertzscheid 15 mai 2017
 "Cela a recommencé. Une nouvelle fois. Lorsqu'on a demandé à Google le nom des historiens de l'holocauste, le moteur a renvoyé le nom de David Irving. Non seulement David Irving n'est plus historien, non seulement David Irving est révisionniste, mais en plus David Irving est le "chef de file" du courant négationniste, il en est la figure de proue, il est l'un des plus "populaires". "
De quoi Facebook est-il le nom ? - Benjamin Hoffmann, La Règle du Jeu 5 février 2017
"Quel est l'impact des réseaux sociaux sur notre système cognitif ? Quel rôle a joué Facebook dans l'élection de Trump ? Décryptage de la logique de l’audimat et des bulles idéologiques de l'application de Mark Zuckerberg."
- Fragmentation de l’attention et morcellement de l’esprit
- Logique de l’audimat
- Bulles idéologiques et péril démocratique

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